La naissance d’une typographie emblématique
C’est à Paris, entre 1784 et 1811 que les premiers caractères Didot sont gravés et fondus par Firmin Didot, son créateur, à qui il doit son nom. Firmin Didot se distingue comme imprimeur, éditeur, typographe et graveur. Il deviendra dans les années qui suivirent le plus célèbre membre de la famille Didot, une dynastie d’imprimeurs, d’éditeurs et de typographes français qui domine l’industrie de la typographie et le secteur de l’imprimerie à partir de la seconde moitié du XVIIIème siècle.
A l’époque, la famille Didot jouit d’une excellente réputation car elle est à l’origine de nombreuses inventions et innovations en France : l’introduction du papier vélin, inventé par Baskerville, l’invention du système du point typographique (dit point Didot) ou encore la presse à un coup qui permet de doubler les cadences etc. En 1789, François Ambroise Didot se retire et cède la direction de l’entreprise familiale à ses deux fils qui se répartiront les rôles : Pierre l’ainé sera à l’imprimerie et au travail d’édition et Firmin, de trois ans son cadet, s’occupera de la création et de la fonderie des caractères.
Le Didot rencontrera très vite un vif succès et à compter du XVIIIème de nombreuses grandes œuvres de la littérature française, telle que les fables de La Fontaine, les œuvres de Jean Racine, de Sade ou encore les écrits de Molière seront diffusées en Didot.
Fables de la Fontaine
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Théatre de Voltaire
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Œuvres de Molière
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Œuvres de Regnard
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Œuvres de Jean Racine
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Œuvres de Condorcet
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Le Didot, une police révolutionnaire
La fin du XVIIIème siècle est une période majeure pour le Didot. Bien que la famille Didot ne s’implique pas dans les événements de la Révolution française, elle est néanmoins proche du pouvoir en place et l’état utilisera ses compétences pour l’émission des assignats, ce qui confortera la prospérité de l’imprimeur.
La révolution qui arrive consolidera elle aussi son essor financier car à cette époque de nombreux écrits de toutes sortes étaient imprimés. La famille Didot s’imposa ainsi (sans scrupules ?) en se jouant tantôt des époques et des régimes politiques !
En 1811, le Didot connait un tournant important quand Firmin réalise, à la demande de Napoléon, le Didot millimétrique dont le nom est tiré du système métrique, qui sera utilisé pour l’impression du Sacre de L’Empereur Napoléon en 1815.
Dès lors, le Didot s’imposera au XIXème et sera massivement utilisé en France, jusqu’aux années 1950, pour les imprimés règlementaires, les manuels scolaires et une grande partie de l’édition scientifique.
Le Didot marque une ère nouvelle
Didot représentait une époque nouvelle, la modernité et l’industrialisation émergente. Selon Pierre Faucheux, un célèbre maquettiste et graphiste de l’époque et grand admirateur du Didot, cette typographie était le symbole même de la révolution Française.
« Par son dessin, il est le tranchant même de la guillotine. Il est fait avec les lames noires. Les pleins sont les lames et les déliés, les maigres sont les tranchants des lames. »
Lors de la Restauration, le Didot qui symbolise le renouveau est adopté par l’imprimerie Royale et remplace son concurrent, le Garamond, qui représente l’ancien régime. Il donne ainsi à l’écriture une manière formelle et juste par un caractère droit et dépouillé de tout passé. Plusieurs auteurs majeurs ont diffusé leurs travaux avec cette police avec laquelle la constitution française de 1791 avait été publiée. Cela lui a donné encore plus d’importance et son succès lui a permis de dépasser les frontières et de s’imposer dans une bonne partie de l’Europe continentale de l’époque.
L’influence du Didot sera telle qu’elle donnera son nom à l’une des quatre grandes familles de la classification Thibaudeau, les Didots, ainsi qu’à l’une des onze familles de la classification Vox-Atypi, les Didones.
Le Didot, un intemporel de la mode
Avec ses caractères fins et raffinés, le Didot représente parfaitement l’élégance à la Française. Et dans le monde de la mode, son aspect épuré et subtil plaît particulièrement aux entreprises qui cherchent à donner une image raffinée et luxueuse à leurs marques! Vogue, Zara, Elle, Vanity Fair ou encore Giorgio Armani se sont appropriés le Didot et l’utilise ainsi à travers leur logotype.
Le Didot a encore de belles années devant lui !
Il n’est pas rare que les typographies anciennes subissent des liftings au fil du temps. En 1991, deux fonderies, se sont penchées sur le sujet et ont réalisé des versions plus contemporaines du Didot. Deux refontes très réussies car elles conservent la finesse et le contraste de la version originale de Firmin. La première fut créée par Adrian Frutiger pour la fonderie Linotype et la seconde fut conçue par la fonderie Hoefler & Co pour le magazine de mode américain Harper’s Bazaar.
Plus récemment une nouvelle interprétation a été réalisée du Didot pour la nouvelle identité graphique de la marque espagnole Zara. Néanmoins, le Groupe a choisi de ré-interpréter le Didot sans tenir compte des règles élémentaires de la composition typographique. Chez Yellow Yellow, on se demande bien ce qu’en penserait Firmin Didot ! Et vous alors, qu’est ce que vous en dîtes ?
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